Comme annoncé, la feuille de route interministérielle du bien vieillir a été présentée par la ministre des Solidarités, Aurore Bergé, le vendredi 17 novembre 2023. A la veille de cette étape, nous avons souhaité alerter : la mobilité, sujet de société pourtant transverse, n’est pas ou peu incluse dans ce texte ! Nous adressons donc une proposition d’échange sur les enjeux de la mobilité des seniors : nous avons des préconisations et des solutions.
Acceptons-nous de vieillir et de rester enfermés ? De devenir un poids pour nos enfants ? De faire subir à nos aidants le poids de nos déplacements dans leur vie quotidienne ?
La population française vieillit et notre écosystème n’est pas prêt ! En 2020, près d’un cinquième de la population avait plus de 60 ans. En 2040, c’est un quart de la population qui aura 65 ans ou plus (INSEE, 2020). Nous ne pouvons pas accepter une « assignation à résidence » de 25% de la population. Or, en n’accompagnant pas les seniors dans leur mobilité face à la perte de leurs capacités cognitives, financières, matérielles, on les contraint à l’isolement.
Aujourd’hui, la situation des seniors est inacceptable. 2,5 millions de personnes âgées se sentent seules , et 1 million vivent seules ou isolées. A la problématique de l’isolement s’ajoute une situation de précarité particulièrement préoccupante, puisque plus d’1 million de personnes âgées de 65 ans et plus vit sous le seuil de pauvreté (INSEE, 2018). Leur hyper-dépendance à la voiture individuelle couplée à une déprise automobile et une moindre capacité d’adaptation au changement, en font un enjeu essentiel face à la transition écologique. Notre but est de proposer des solutions d’éco-mobilité inclusive, en partant des problématiques des seniors. Nous devons relever le défi du vieillissement.
Pourquoi une mobilité inclusive et durable doit être un axe de premier plan dans la construction d’une société du bien vieillir pour tous ?
Car la mobilité permet de lutter contre l’isolement en évitant les renoncements, de prévenir la perte d’autonomie des seniors en diminuant les fragilités physiques et cognitives et donc d’améliorer l’espérance de vie en bonne santé.
Car les co-bénéfices d’un accompagnement à la mobilité inclusive et durable sont de réduire l’insécurité routière, de réduire l’impact environnemental en réduisant la dépendance à la voiture individuelle et d’alléger la charge des 4,3 millions de personnes aidants non-professionnels en France.
Nous devons faire de la mobilité un enjeu sociétal et transversal, qui permettra de garantir à long terme le droit à vieillir dans la dignité et de préparer notre société au vieillissement de sa population.
En appliquant le principe de la conception universelle des solutions, nous garantissons de rendre les services de mobilité le plus inclusif possible en les créant avec et pour les seniors. Ainsi, en améliorant leur mobilité, nous permettrons d’alléger les aidants non professionnels, qui subissent souvent la « double-peine » d’être eux-mêmes seniors (34% des aidants non professionnels ont plus de 60 ans).
De plus, pour accompagner au changement de comportements et d’habitudes, il faut enseigner la mobilité à tout âge de la vie, c’est pourquoi nous défendons le continuum éducatif de la mobilité.
Enfin, nous devons étudier l’impact de l’accompagnement à la mobilité des publics fragiles et notamment des seniors, pour démontrer que la mobilité n’est pas un coût mais bien un investissement tant sur la santé, l’environnement, la sécurité routière que sur l’inclusion sociale.
Dès aujourd’hui, intégrons la mobilité dans la loi Bien Vieillir
Concrètement, nous préconisons :
- La mise en place d’un diagnostic mobilité systématique aux « âges clés de la vie » afin d’anticiper le changement de rythme de vie et ses conséquences sur les besoins en mobilité, et d’un diagnostic mobilité systématique pour les aidants les incitant à devenir prescripteurs du diagnostic mobilité de leurs ainés
- La conception et l’adaptation des métiers : formation des professionnels (renforcer la culture de la prévention chez les professionnels de santé, sensibiliser les acteurs de la mobilité) aux enjeux de la mobilité des seniors et au rôle central de l’accompagnement humain
- Une généralisation des plateformes de mobilité sur tous les territoires, mise en place d’actions pour informer et accompagner et développement d’un axe « bien circuler » aux politiques locales du « bien vieillir » : plan piéton, plan d’aménagement urbain (sécurisation), accessibilité des transports en commun
- L’établissement d’un financement pérenne de la mobilité des seniors
Nous sommes prêts à faire bouger les lignes avec vous, à vous partager nos solutions et notre expertise.
Pour changer la mobilité des seniors, changeons de regard.
Campagne 2023 – Les impacts de la non-mobilité des seniors :