La précarité mobilité : catalyseur des inégalités sociales
13,3 millions de Français sont en situation de précarité mobilité (BMQ2, 2022). Derrière cet indicateur se cachent des situations intolérables qui peuvent concerner chacun d’entre nous : accès limités à l’emploi ou à la formation, renoncements à des rendez-vous médicaux, administratifs, ou professionnels, isolement et perte d’autonomie notamment pour les plus âgés, manque d’accès aux services et aux droits, aux commerces, aux loisirs, dépendance à la voiture et au prix du carburant … Les freins à la mobilité sont multifactoriels, relevant de difficultés physiques (temporaires ou permanentes), cognitives, financières ou matérielles.
Les politiques publiques négligent encore trop souvent l’enjeu de la mobilité pourtant transversal et d’intérêt général, qui constitue la porte d’accès à l’ensemble de nos droits.
La mobilité durable sera inclusive ou ne sera pas.
La crise des Gilets Jaunes a établi le lien entre précarité et mobilité : les frustrations exprimées autour de la hausse des prix du carburant ont révélé les difficultés quotidiennes rencontrées par de nombreux Français. La dépendance aliénante à la voiture thermique et le manque de solutions alternatives de mobilité adaptées accentuent la fracture sociale et territoriale, favorisant le vote pour des mouvements politiques extrêmes.
Alors que le secteur des transports est le premier émetteur de gaz à effet de serre en France et que la voiture thermique est responsable de la moitié de ces émissions, la prise de conscience que nous devons sortir du paradigme du tout-voiture n’a que trop tardé. Déconstruire l’image de la voiture en impliquant chacun, et repenser nos mobilités pour qu’elles soient abordables, acceptables et désirables par tous et pour tous, est le combat à mener pour un avenir plus durable.
Le droit à la mobilité pour tous : une réalité qui peine à se concrétiser
La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), en consacrant le changement d’une logique d’infrastructure vers une logique de besoins des usagers, a ouvert le champ des possibles. Mais sans définir les moyens pour y parvenir, elle tarde encore à être mise en œuvre. A titre d’exemple, les plans d’actions en faveur de la mobilité solidaire (PAMS), inscrits dans la LOM, visant à coordonner les interventions pour la mobilité du quotidien des plus fragiles à l’échelle de chaque bassin de mobilité, ne sont que trop peu appliqués.
C’est pourquoi nous insistons pour que les Autorités Organisatrices de la Mobilité (AOM) se saisissent pleinement de la compétence mobilité solidaire obligatoire inscrite dans la LOM. Celle-ci mériterait par ailleurs d’aller plus loin, en donnant aux AOM les moyens via la création d’une ligne budgétaire pérenne dédiée à la mobilité solidaire.
Depuis 25 ans, Wimoov agit sur le terrain et lutte pour faire valoir ce droit à la mobilité pour tous. Notre engagement est et restera de donner à chacun le choix de sa mobilité. Pour une société plus harmonieuse et plus égalitaire, la liberté de mobilité est une composante fondamentale.
Nous restons déterminés, et appelons l’ensemble des acteurs de l’écosystème et de l’action publique à se saisir collectivement de ces enjeux à nos côtés. Souhaitons une Union pour la Mobilité Inclusive pour favoriser la cohésion sociale et territoriale !
-(1) Loi d’Orientation des Mobilités – Art. L. 1215-3