Pour la 1ère fois, un prix récompense les Régions les plus dynamiques en matière de mobilité inclusive et solidaire.
Les Régions sont un acteur clé de la mobilité inclusive depuis la Loi d’Orientation des Mobilités qui les consacrent comme Autorités Organisatrices de la Mobilité. Leur prise de compétence a été un premier pas essentiel vers le droit à la mobilité pour tous et pour dessiner des politiques de mobilité inclusives adaptées. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour mettre en œuvre concrètement sur les territoires toutes les solutions et services pour répondre aux enjeux des publics fragiles.
Cette année, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur tire son épingle du jeu dans la catégorie des régions les plus denses, tandis que la Bretagne l’emporte chez les moins denses. Pour les régions de densité intermédiaire, deux d’entre elles n’ont pas pu se départager en tête : la Normandie et les Pays de la Loire.
Des critères statistiques, 3 catégories, 1 palmarès
Le prix se réfère à des indicateurs objectifs issus du dernier Baromètre des Mobilités du Quotidien (BMQ), dévoilé lors de la Journée de la Mobilité Inclusive le 19 septembre 2024. Cette étude dresse tous les deux ans un portrait statistique détaillé de la mobilité quotidienne des Français.e.s au niveau national et régional, permettant d’apprécier la situation de la mobilité solidaire à travers les pratiques des habitant.es (https://barometremobilites-quotidien.org/).
Le palmarès détermine trois catégories de régions en fonction de la densité de population vécue* : dense, moyennement dense et moins dense. Pour établir le classement, plusieurs critères sont alors compilés tels que le niveau d’accès aux services, le niveau de multimodalité, la dépendance à la voiture, le taux de renoncement à un déplacement, l’accès aux aides mobilité (retrouvez la liste totale des indicateurs ci-dessous)… Précisons que les régions Île-de-France, Guadeloupe et Corse n’ont pas été prises en compte ici, leurs caractéristiques ne permettant pas de comparaisons pertinentes avec les autres régions.
Catégorie « Région dense » : SUD-PACA en tête des régions les plus dynamiques
La région Sud-PACA obtient un score de 58/100 et se distingue particulièrement par un niveau de précarité mobilité de 16 %, un chiffre bien plus faible que les 2 autres régions de sa catégorie (21 % en Auvergne-Rhône-Alpes et 23 % en Hauts-de-France) et que la moyenne nationale qui atteint 19,5 %. Concrètement, la région performe au niveau de la part de la population ayant la seule voiture principale d’une part (47 %, contre 53 % pour les deux autres territoires) et ayant la possibilité de choisir entre différents modes tels que les transports en commun, les mobilités actives (vélo, trottinette, notamment en libre-service…), le covoiturage, ou encore l’autopartage d’autre part (56 %, contre 51 % en Aura et 49 % en HDF), ce qui lui permet d’arriver en tête du classement.
« La région PACA est en tête du classement. Quelle fierté ! Néanmoins, nous ne pouvons nous arrêter là. Nous devons absolument prendre en compte les fortes disparités qui existent entre les territoires et s’attacher à répondre aux besoins des territoires les plus isolés, les plus ruraux, tels que les Alpes ou le Haut-Var. Nous sommes au début du chemin et devons impliquer l’ensemble des acteurs – Région, Départements, agglomérations, communes – pour mener collectivement ce combat au quotidien. » Fabien Benito, Directeur Régional Wimoov SUD-PACA
En région moins dense, la Normandie et les Pays de la Loire limitent le taux de renoncements aux déplacements.
Dans la catégorie moyennement dense, la Normandie et les Pays de la Loire obtiennent une note de 54/100. Leurs habitant.es sont moins sensibles aux fluctuations du prix du carburant : dans l’hypothèse d’une hausse de 50 %, la proportion d’automobilistes qui ne changerait pas ses pratiques s’élève à 27 % en Normandie et 26 % en Pays de la Loire, nettement au-dessous de la moyenne des autres régions (environ 32 %). Il y a donc moins de personnes dépendantes à la voiture dans ces régions qu’ailleurs. Une autre explication peut aussi être que la hausse serait telle que certains ménages diminueraient leurs déplacements quotidiens pour économiser cette part de revenus et l’affecter à d’autres dépenses. Les régions Normandie et des Pays de la Loire font la différence sur le faible taux de renoncement aux déplacements (respectivement de 32 et 33 %) par rapport à l’Occitanie et le Grand Est, régions également présentes dans cette catégorie.
« Quelle fierté, être lauréat du palmarès régional de la mobilité, c’est la reconnaissance de notre capacité collective à repenser nos déplacements de manière plus durable, plus connectée et plus humaine. Cette récompense doit nous encourager à amplifier les actions en faveur d’une mobilité solidaire, inclusive et durable sur notre territoire. Wimoov développe actuellement un dispositif en ce sens dans le département l’Eure visant à désenclaver les zones rurales en proposant des solutions de déplacement économiques, écologiques et collaboratives pour lutter notamment contre l’isolement. » Fatima Ait-Ouailal, Directrice Régionale Wimoov Normandie
« On ne lâche rien, les bons résultats de la région doivent beaucoup à une forme de faire ensemble, de coopération des acteurs sur chaque territoire. Tâchons d’en faire profiter tous les publics et en particulier les seniors, qui seront toujours plus nombreux dans les années à venir ! Wimoov sera là pour leur mobilité, autonome et durable ! » Virginie Watine, Directrice Régionale Pays de la Loire
La Bretagne, région la plus régulière dans les critères du palmarès pour les régions peu denses
En région Bretagne, le résultat du palmarès est de 55/100. La part des personnes ayant été concernées par au moins un renoncement à un déplacement lors des 5 dernières années est de 33 %, soit nettement moins élevée que la moyenne des autres régions françaises hors Île-de-France (37 %). Si cela est positif d’un point de vue de l’accès à la mobilité, il convient de préciser que cela tient également compte de l’accès à la voiture. La régularité de la région dans les autres critères lui permet d’arriver en tête du classement, contrairement aux autres régions de sa catégorie. Par exemple, le Centre-Val de Loire qui performe avec un taux de renoncement aux déplacements de 30 %, perd son avantage sur la part des automobilistes ne changeant pas leurs pratiques de mobilité malgré une hausse moyenne de 50 % des prix du carburant (40 % contre 34 % en Bretagne) et sur le taux de motorisation des ménages (80 % contre 78 % en Bretagne).
« La région refuse la fatalité et concentre ses efforts sur le bien-être de sa population : fière de ses ruralités qui riment avec solidarité, elle fait aussi résonner inclusion et innovation pour ne laisser personne au bord du chemin. » Virginie Watine, Directrice Régionale Bretagne
Bien que les lauréats se démarquent sur certains aspects, aucune région ne présente un score totalement satisfaisant et les efforts pour garantir une mobilité accessible pour toutes et tous doivent être décuplés dans tous les territoires. À partir de cette année, le palmarès régional complétera le BMQ afin de fixer des points de comparaison dans le temps et mettre en lumière les expérimentations et avancées des différentes Régions avec un objectif clair : réduire le nombre de personnes en précarité mobilité s’élevant encore aujourd’hui à 15 millions, et atteindre les 10 millions en 2028 !
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Précisions méthodologiques
- Densité de population vécue : L’indicateur de densité vécue pour une région, correspond à la moyenne des densités communales (de cette région) pondérée par les populations. Par exemple, pour une région ayant la majorité de sa population dans une grande agglomération très dense et très peu d’habitant.es en zone rurale, la densité classique indiquera que la région est moyennement ou faiblement dense. Or, dans la réalité, pour la majorité de la population résidant en milieu urbain, le niveau de densité vécue est élevé. En pondérant la densité par la population, la densité vécue permet de mieux estimer la réalité perçue par les habitant.es.
- Répartition des régions selon la densité de population vécue :
- Dense : Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Hauts-de-France
- Moyennement dense : Normandie, Pays de la Loire, Grand-Est, Occitanie
- Moins dense : Bretagne, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine
- Critères pris en compte dans le score
- Avec pondération positive :
- Niveau d’accès aux différents services de mobilités
- Part de la population ayant la possibilité de choisir entre différents modes
- Niveau de multimodalité (nombre moyen de modes principaux ou occasionnels)
- Part des personnes équipées ou abonnées aux autres solutions de mobilité
- Avec pondération négative :
- Part de la population ayant la seule voiture en mode principal
- Part des automobilistes ne changeant pas leurs pratiques malgré une hausse moyenne de 50% des prix
- Taux motorisation véhicules thermiques
- Part des personnes ayant été concernées par au moins un renoncement à un déplacement lors des 5 dernières années
- Part des personnes déclarant n’avoir accès à aucune solution de mobilité
- Indicateur pondéré de personnes mentionnant avoir renoncé à des déplacements pour des raisons liées aux aléas climatiques
- Proportion de personnes indiquant ne pas savoir comment obtenir une aide permettant de faciliter le passage à un mode plus propre ou jugeant la démarche trop complexe
- Avec pondération positive :